NOTRE DAME DES CYCLISTES

SANCTUAIRE NATIONAL

HISTORIQUE

La plupart des sanctuaires dédiés à Marie ont plusieurs siècles d'existence.

Celui-ci est tout jeune puisque c'est la célébration de son trentième anniversaire en 1989 qui a amené les directeurs du Tour de France cycliste à proposer au chapelain le départ de la huitième étape du Tour : La Bastide d'Armagnac-Pau ; le départ fut donné de la chapelle Notre Dame des cyclistes. C'est ainsi que grâce à Notre Dame, pour la première fois dans la déjà longue histoire du Tour, ce nom de La Bastide d'Armagnac était inscrit sur la carte officielle diffusée dans le monde entier. Par la même occasion était signalée l'existence de ce sanctuaire sportif. Le dimanche 9 juillet 1989 fut donc une journée faste pour cette humble chapelle, trop petite pour la messe qui fut célébrée en plein air par Mgr Sarrabère, évêque d'Aire et Dax, sur l'airial orné en son milieu de la belle statue de Notre Dame (œuvre de Madame Brun de la Serve, de Pau) : il s'agit de Marie portant sur son cœur le globe terrestre. Le texte gravé sur le socle explique ce geste :

Marie, Reine du Monde,
Protège la terre parcourue en tous sens par les cyclistes
Amoureux de la belle nature du Seigneur.

Etaient présents préfet, élus, directeur du Tour, et, dans la foule, plusieurs grands champions qui, successivement pendant ces 30 années, sont venus déposer aux pieds de leur céleste patronne leurs maillots, trophées de brillantes victoires : Darrigade, Poulidor, Stablinski, Anglade, Ocaña ; le souvenir de deux illustres disparus a été évoqué : Louison Bobet et Jacques Anquetil.

C'est ensuite que le chapelain eut la joie de bénir le peloton bigarré d'une centaine de coureurs, après que le champion Greg Lemond (il était, ce jour-là 1er du classement général), tout heureux, lui eut remis, pour Notre Dame, son maillot jaune qu'il récupérera in extremis, avec 8 secondes d'avance, sur les Champs-Elysées lors de l'étape finale... Le brave Greg Lemond a dit que c'était un miracle. De là à penser que c'était le merci de la Sainte Vierge, il n'y a pas loin !

Jeune sanctuaire, avons-nous dit en commençant, c'est vrai quant à son appellation ; mais la chapelle elle-même serait du XIème siècle : le chœur est surmonté d'une voûte en coupole curieusement apparente à l'extérieur, sous le toit. Elle se trouve sur un site habité de temps immémoriaux puisque les fouilles réalisées il y a quelques années par les techniciens du C.N.R.S. ont permis de trouver, près de la chapelle, les fondations d'un monument circulaire très vaste du Ier siècle de notre ère, temple dédié à Jupiter (d'où viendrait le nom de "Géou, Jovis" nom de ce quartier de La Bastide). Ont aussi été découverts, de belles mosaïques, divers objets et lampes, dans les fondations d'une villa gallo-romaine du IVème siècle.

Ils furent nombreux, sur ce site historique, les vélos enfourchés par des cyclistes de tous âges et de toutes régions, en ce lundi de Pentecôte 18 mai 1959, où le vieux sanctuaire devenait Notre Dame des Cyclistes.

Pourquoi Notre Dame des Cyclistes est-elle située à La Bastide ?

Parce qu'un prêtre landais, le Père Joseph MASSIE, curé de quatre paroisses et cycliste depuis l'âge de 5 ans, découvrit, grâce à la pluie d'une matinée de "printemps" le 22 août 1958, cette chapelle couverte de lierre dans un paysage semblable à celui de l'Ombrie. Tandis qu'il y célébrait la messe, il eut l'idée de faire de cet endroit un lieu de pèlerinage des cyclistes. C'est le lundi de Pentecôte, 18 mai 1959, qu'eut lieu l'inauguration et la bénédiction de Notre Dame des Cyclistes de France à La Bastide d'Armagnac, sous la présidence de Mgr Clément Mathieu, évêque d'Aire et de Dax. Ce fut la fête merveilleuse de cette humble chapelle qui devenait le Sanctuaire National des Cyclistes de France, (les 2 Fédérations Françaises de Cyclisme et de Cyclotourisme ayant officiellement approuvé cette création et remis au chapelain ce jour-là la Médaille d'Argent de la F.F.C.T. et le Mérite Cycliste). Mgr Théas, évêque de Tarbes et de Lourdes avait délégué pour le représenter à cette fête Mgr Viscaro, recteur des sanctuaires de Lourdes, marquant ainsi qu'à ce baptême d'un nouveau lieu de pèlerinage Notre Dame de Lourdes était la marraine. Les rues et la place royale de La Bastide étaient parées de façon somptueuse, à l'émerveillement de nombreux cyclotouristes venus de toutes les régions de France.

En réponse à la supplique envoyée par l'évêque de Dax, le pape Jean XXIII, le 11 mai 1959, nomme Notre Dame de la Visitation Patronne Titulaire de cette chapelle des Cyclistes de "Géou" à La Bastide d'Armagnac. C'est une phrase adressée par Mgr Théas aux coureurs du Tour de France devant la Grotte de Massabielle le 8 juillet 1948 qui suggère l'idée du choix de ce titre : après avoir évoqué "les facilités apportées  par le cyclisme à la vie de l'Homme et à l'exercice de la Charité, par exemple pour le service des paroisses et le soin des malades à domicile", il poursuit par cette touchante évocation : "Notre piété filiale ne s'offusque nullement à la pensée que Notre Dame aurait elle-même utilisé ce moyen de locomotion, s'il avait existé dans son temps, pour porter, avec plus de rapidité, ses services à sa cousine Elisabeth. L'Evangile de la Visitation ne nous dit-il pas que, Messagère diligente, Marie s'en fut, en grande hâte, poussée par l'amour que le Verbe Incarné déversait en son Coeur Virginal ?" Mgr Théas qui, évêque, avait maintes fois parcouru les rues de Tarbes et de Lourdes à vélo, est tout heureux d'être, après ces paroles, à l'origine de la titularisation du Sanctuaire des Cyclistes.

Sollicité pour composer un chant à Notre Dame des Cyclistes, le Père André DUZAN, professeur de musique au séminaire, a l'excellente idée de réaliser une composition, paroles et musique, sur les cinq mystères joyeux, intitulé : "Les étapes de la joie". Cette œuvre poétique et musicale est une parfaite réussite que le prêtre dédia à son ami le Père Joseph Massie.

Voici le deuxième mystère :

Tu pars, sans peur, vers la montagne
Où ta cousine aura bientôt besoin de Toi.
La Charité, toujours y gagne : servir, aimer voilà ta loi !
Protège et bénis notre route,

Garde-nous de tout abandon !
Toujours, préserve-nous du doute,
Vierge de la Visitation !

En France, ayant parrainé spirituellement notre lieu de pèlerinage, les visitandines prient chaque jour pour les cyclistes, pour leur santé d'âme et de corps.


Les "Chevaliers de la petite reine" ont pour première patronne la Grande Reine du ciel mais ils ont aussi Saint Clair : en avril 1959, Mgr Mathieu écrivit au pape pour lui demander de désigner la Visitation de la Vierge Marie titulaire de la chapelle Notre Dame des Cyclistes, en remplacement de Saint Clair qui était, depuis la construction, titulaire de ce lieu de culte situé dans le quartier de Géou à La Bastide d'Armagnac. Le bon pape Jean XXIII répondit, dans le bref communiqué du 11 mai 1959, qu'il n'avait pas voulu faire à Saint Clair, dans la gloire du ciel, le chagrin de le "limoger !" Ce qui a fait dire à un cyclotouriste : Il a été clair voyant, le pape, de nous laisser Saint Clair comme patron : nous avons besoin d'y voir clair sur la route.

Qui ne connaît le P.Brottier, le fâmeux animateur de l'Œuvre des Orphelins Apprentis d'Auteuil, après avoir été missionnaire au Sénégal, aumônier militaire volontaire pendant la guerre 14-18 ? Béatifié le 25 novembre 1984, il est le premier français élevé à la gloire des autels à avoir utilisé une bicyclette ! Une très belle photo de 1896 où, séminariste en soutane, il tient son vélo, est exposé dans la chapelle. Un agrandissement offert par l'Œuvre d'Auteuil a été solennellement béni par Mgr Sarrabère, le 18 novembre 1986. L'exemple de dévouement et de charité du Bienheureux Daniel Brottier est présenté aux cyclistes, qui peuvent être fiers d'avoir un tel patron.

Dans la chapelle se trouve la très belle statue en bois (noyer) de Notre Dame (XVIème siècle). Derrière l'autel, à l'entrée du chœur se trouve cette merveilleuse statue en pierre des Pyrénées scellée sur un chapiteau en pierre, qui fut offerte à la chapelle quelques jours avant l'inauguration par Monsieur et Madame Paulin, de La Bastide d'Armagnac. C'est une Vierge couronnée avec l'enfant Jésus tenant en main le globe terrestre. Elle aurait été sculptée au XVème siècle par un marin, pendant les traversées de l'Atlantique. Les Paulin tenaient cette statue de parents du Havre, descendants d'armateurs. A l'entrée de la chapelle, un portail monumental en fer forgé est l'oeuvre  d'un ancien coureur cycliste de Mont de Marsan qui en a fait don: M. Carpy. La chapelle est aussi ornée de très nombreux  maillots de champions et de clubs cyclistes et cyclotouristes; quelques vélos anciens et divers objets situés dans le porche constituent un intéréssant petit musée du cyclisme, très visité, qui donne l'occasion aux  visiteurs d'entrer dans la chapelle et de prier la Reine de ce lieu béni.

Un livre d'or recueille les intentions de prière, appréciations sur la beauté du site, sur le charme de la chapelle. Ainsi, le journaliste sportif Daniel Pautrat, à l'occasion de son passage à La Bastide d'Armagnac, et près de Notre Dame des Cyclistes en juillet 1984, lors du Tour de France, a écrit, ému par sa visite : « C'est la plus belle des étapes ! »

Pour de nombreux pèlerins cyclistes vers Lourdes ou Compostelle, français ou étrangers, Notre Dame des Cyclistes est devenu un passage obligé, parfois au  prix d'un long détour. Les 1000 km jusqu'à Saint Jacques de Compostelle ne font pas peur à des cyclistes moyens.

Le chapelain, qui a fait lui-même ce pèlerinage 6 fois à vélo, y a emmené des participants de 12 ans et demi à 74 ans, en 12 étapes d'une moyenne journalière de 85 km.